mardi 31 mars 2015

Top 5 Documentaires Mars 2015

G. Vieilledent
Médecin de campagne
R.Lavillenie
Toujours plus haut
C. Ray
La physique
par les objets quotidiens
T. Amant
Honda
Les voitures mythiques
T. Molinengo
Viandes
parer, découper, cuire

vendredi 27 mars 2015

Top 5 Romans Mars 2015

D. Ellis
La Comédie des menteurs
M. Chattam
Que ta volonté soit faite
R. Banks
Un membre permanent
de la famille
D. Carrisi
La femme aux
fleurs de papier
W. Lamb
Nous sommes
l'eau

Bienvenue au Grand Débat

Doute, incertitude, crainte, angoisse, colère, scepticisme et soupçon, voilà les mots qui dominent tous les commentaires et conversations du moment. Ils ont remplacé les mots progrès, avenir, mieux-être, espoir et confiance qui dominaient lors des années d’après-guerre. Les Français se définissent d’ailleurs comme un des peuples les plus pessimistes au monde, craignant dans leur grande majorité une dégradation future de leurs conditions de vie. La déprime semble s’être emparée de nous. Pour affronter ces temps maussades, le Grand Débat vous propose deux journées de rencontres avec des personnes extraordinaires qui par leur travail, leur talent et leur volonté sont restées libres. Comme tous les écrivains, ils ont créé des mondes lorsque celui qui les entourait leur paraissait trop étriqué. Et créant des mondes, ils nous donnent des pistes pour modifier le nôtre.
Vivons ces moments précieux durant lesquels nous pourrons ouvrir nos fenêtres, découvrir des réalités, des rêves, beaucoup d’intelligence, de liberté et de générosité. Autant de choses qui nous manquent pour renouer avec l’espérance.

Bienvenue au Grand Débat !

Philippe Lapousterle
Animateur des débats
Le programme
Ancien Rédacteur en Chef de RMC
Organisateur de la “Comédie du livre” à Montpellier













Découvrez les écrivains du Grand Débat grâce à la Médiathèque !


Muriel BARBERY


Le livre “L’Élégance du hérisson” et son auteure, Muriel Barbery ont été les plus grandes surprises littéraires en France depuis des décennies. Tiré à 4000 exemplaires le 26 Août 2006, vendu à 12 exemplaires la première semaine, ce livre est devenu en quelques mois le tirage le plus important jamais connu sous la couverture de la fameuse collection blanche de Gallimard, bien plus que Sartre, Camus ou Malraux, avec plus de 1,2 millions d’exemplaires complétés par 45 traductions et 6 millions de livres vendus.
Malgré ce succès sans précédent, Muriel Barbery est la romancière la plus discrète qui soit. Après son triomphe, elle est allée au Japon puis à Amsterdam et n’a jamais cédé à l’appel des médias et de l’image qui font habituellement écho à la célébrité littéraire. Après une brève apparition à la télévision en 2006, elle a décidé qu’elle n’irait plus jamais sur un plateau de télévision afi n de protéger sa spontanéité et son naturel. La discrétion est pour elle une question de survie : celle de sa liberté et de son inspiration.
Dans son nouveau livre, son troisième roman, se succèdent des bêtes immenses, des arbres, des savoir-faire d’autrefois, mais aussi des prédictions, des miracles, des elfes, de la musique et des mystères. Tout un monde à découvrir dans lequel l’alliance des hommes et des elfes a pour mission de vaincre le mal.

Débat le Vendredi 10 Avril, à 19h au Palais des Congrès

Retrouvez ses livres à la Médiathèque :

Omar BENLAALA et Pierre-Jean LUIZARD

Omar Benlaala
En France, l’existence plus que centenaire de la loi de séparation de l’Église et de l’État a longtemps fait penser que la religion et la préoccupation religieuse appartenaient au passé, et que l’humanité allait durablement ignorer les préoccupations mystiques. Et voilà, qu’à la surprise générale, sur toute la planète et touchant tous les cultes, le sentiment religieux connaît une vigueur nouvelle. C’est par millions qu’en Russie, dans toute l’Amérique Latine, dans les États à majorité musulmane comme dans les pays asiatiques, les fi dèles fréquentent les lieux de culte et renouent avec le sentiment religieux. Dans le même temps, chaque religion voit croître dans ses rangs des fondamentalistes qui ont pour objectif d’imposer leurs croyances et leurs principes de vie. Ces dernières années, des extrémistes radicaux se revendiquant de l’islam ont stupéfié le monde entier par le recours à des violences extrêmes et terroristes et par la volonté d’instaurer un véritable État islamiste se présentant comme un nouveau califat.
De quoi est-ce le signe ? Pourquoi maintenant ? Assistons-nous à un réveil général des appartenances religieuses ? Quels peuvent être les futurs possibles pour l’époque que nous vivons ?
P-J. Luizard
Omar Benlaala est un jeune Français d’origine algérienne qui a passé quelques années parmi les musulmans intégristes et qui est revenu à une pratique apaisée de sa religion. Pierre-Jean Luizard est un des meilleurs connaisseurs du Proche-Orient et de l’histoire des religions dans cette partie du monde. Il nous donnera les clés pour comprendre ce qui s’y passe et dessinera les avenirs possibles selon l’attitude que nous adopterons.

Débat le Vendredi 10 Avril, à 21h au Palais des Congrès

Retrouvez leurs livres à la Médiathèque :

Stéphane PAOLI et Alain REY


Aucune des activités humaines ne serait imaginable sans les mots. Sans eux, pas de paroles, pas d’écrits, pas d’échanges, pas de partage et pas de reconnaissance. C’est dire leur caractère indispensable. Ce qui nous définit, ce qui nous distingue, ce qui nous construit, tout cela passe par les mots.
Nous allons voyager dans l’univers des mots avec deux guides parmi les meilleurs qui soient : Alain Rey, amoureux fou des mots au point qu’il dirige depuis des années les dictionnaires Robert. Et puis Stéphane Paoli, journaliste, producteur et que l’on peut écouter tous les dimanches sur France Inter dans l’émission 3D. L’un définit les mots, l’autre est un des utilisateurs les plus attentifs dans son métier de journaliste. Ils nous feront voyager dans le monde des idées, de la mémoire, de notre histoire collective. Ils nous diront aussi le piège des mots et leurs dangers. Un moment de découverte, d’ouverture de rêve et de réalisme

Retrouvez à la Médiathèque le livre qu'ils ont écrit à quatre mains :

Et les livres d'Alain Rey :

Roger-Pol DROIT


Le 3 Mars 1794, en pleine Terreur, le député Louis Antoine Saint Just monte à la tribune de l’Assemblée et propose un décret prévoyant de recenser les indigents afin de leur attribuer quelques biens confisqués. Et il achève son discours par cette phrase fameuse : “ le bonheur est une idée neuve en Europe”.
Depuis, le bonheur compte parmi les objectifs les plus recherchés par l’immense majorité de nos contemporains. S’installe même l’idée d’un “droit au bonheur” qui serait l’aboutissement suprême et ultime de toute démocratie. Les marchands n’étant jamais loin des affaires du monde et profitant des temps difficiles que nous traversons, s’est développée une sorte d’industrie du bonheur ou du moins de la promesse de bonheur.
Quelques spécialistes autoproclamés, quelques personnes attirées par l’appât du gain, quelques responsables de presse ou éditeurs cernés par les difficultés financières ont facilité l’apparition de “marchands de bonheur” qui pour quelques euros, prodiguent quelques recettes à deux sous pour atteindre le bonheur en une ou quatre semaines. Nous sommes bien loin du bonheur véritable, de la réflexion, de la lucidité, du contrôle de soi qu’exigent les esprits formés à la philosophie.
Roger-Pol Droit, philosophe de renommée internationale, dont la pensée et l’oeuvre font autorité, nous dira ce que sont les relations entre la philosophie et le bonheur et nous dira ce que pourrait être le rôle de la philosophie dans une vie d’homme ou de femme.
Retrouvez ses livres à la Médiathèque :

Jean D’ORMESSON


Jean d’Ormesson est certainement aujourd’hui l’écrivain contemporain le plus illustre et le plus populaire de notre pays. Le plus aristocratique de nos écrivains vivants se paye même le luxe d’être tendance et de susciter l’enthousiasme parmi les jeunes. Et cela en restant lui-même, sans concéder quoi que ce soit à l’air du temps ou à la dictature des modes. Avec son entrée, de son vivant,dans la fameuse collection “La Pléiade” aux éditions Gallimard, il rejoint ainsi André Gide, André Malraux, Paul Claudel, Marguerite Yourcenar ou encore René Char qui ont aussi réuni, eux-mêmes, leur oeuvre dans cette collection. Jean d’Ormesson a conjugué trois atouts qui le rendent unique : créer une oeuvre d’un grand classicisme, être l’écrivain de l’Espérance et incarner comme personne l’art d’exister.
Sa définition de la littérature qu’il a donnée dans son livre “Qu’ai-je donc fait ?” publié en 2008 restera dans les annales : “La littérature, c’est du chagrin dominé par la grammaire”.

Débat le Samedi 11 Avril, à 18h30 au Palais des Congrès

Retrouvez ses livres à la Médiathèque :

vendredi 20 mars 2015

Amélie Nothomb ou la fête des prénoms


Qui osera affubler son enfant de prénoms tels que  « Plutarque », « Pétronille », ou encore « Astrobale », ou « Zoïle » ?

Si vous n’avez pas encore deviné, plongez-vous dans les divers romans d’Amélie Nothomb.
La plus française des romancières belges contemporaines fait le choix et l’étude des prénoms de ses héros, avant l’écriture de tout  roman. Ils correspondent au plus près aux personnages et à leur psychologie. Ce ne sont jamais des prénoms inventés, tout est étudié. Ce qui intéresse Amélie Nothomb, c’est de donner un beau prénom à ses personnages.

Dans un échange épistolaire avec Amélie Nothomb, elle m’indique trouver les prénoms pour ses héros, en grande partie dans L’Encyclopédie Larousse du XIX° siècle.


Lettre manuscrite d'Amélie Nothomb




Petit panorama des prénoms utilisés dans les divers romans d’Amélie Nothomb : Hazel, Léopoldine, Plectrude, Zdema, Astrobale, Pretextat, Textor, Epiphane, Zoïle, Olaf, Palaméde, et bien d’autres encore…

  • Prétextat Tach, écrivain obèse, cynique, misanthrope, Prix Nobel de Littérature, atteint d’un cancer, vit reclus dans son appartement depuis des années  et refuse tout interview à la presse, dans Hygiène de l’assassin.

  • Epiphane Otos, très laid,  a tout pour déplaire et déteste le monde autant que le monde le déteste. Il devient mannequin- repoussoir des top-models les plus en vogue, pour et grâce à Ethel. Sa laideur le condamne à n’être que le confident (l’oreille) de celle qu’il aime,  dans Attentat.

  • Textor Textel, raseur professionnel face à Jérôme Angust, homme d’affaires exaspéré par le retard de son avion, dans Cosmétique de l’ennemi.

  • Plectrude, orpheline surdouée de 10 ans, dans Robert des Noms propres.

  • Christa, rencontre Blanche, et devient une tortionnaire pour cette jeune fille solitaire et introvertie, dans Antéchrista.

  • Zdena, kapo dans le jeu télévisé « Concentration », face à des candidats tel que CKZ 114 (ou Pannonique), ou EPJ 327, ou MDA 802 ou Simon de Cyrène. Pannonique renvoie à la Pannonie (nom que les Romains donnaient à la Hongrie) pays le plus ravagé par la Shoah, thème d’Acide Sulfurique.

  • Hirondelle, belle jeune fille tueuse dans  Journal d’hirondelle.

  • Olaf Sildur, nationalité suédoise, brun et grassouillet, grand amateur de champagne (comme Amélie Nothomb) qui meurt subitement, dans l’appartement du héros Baptiste Bordave, dans Le fait du prince.

  • Saturnine Puissant, 25 ans, belge comme l’auteur, devient colocataire dans un hôtel de maître du VII° arrondissement de Paris, chez Don Elemirio Nibal y Milcar,  adepte de grands crus de champagne, dans Barbe bleue. Les différentes défuntes (cryogénisées) sont : Parvati, Amaterasu, Lilith, Erzébeth Bathory (apicultrice intergalactique), Emeline, Proserpine, Marie-Madeleine. L’excellent secrétaire de Don Elemirio se nomme Hilarion Gravelan.

  • Palamède Bernardin, voisin envahissant de Emile et Juliette dans leur thébaïde au fond des bois, où ils comptaient finir leurs jours, tranquilles, l’un près de l’autre, dans Les Catilinaires

  • Pétronille Fanto, devient le double maléfique d’une romancière belge de 30 ans, et l’entraîne dans des beuveries sans fin, dans Pétronille.

  • Même pour le dernier livre audio Pétronille, le texte est lu par Pulcherie Gadmer

Pour choisir le prénom de votre futur enfant, vous pouvez aussi rester plus classique et vous servir du calendrier des Postes, ou de la cote des prénoms.


Et pour vous distraire, vous pouvez lire aussi :

  • Le prénom, de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière.
Ou regarder le film
  • Le prénom, réalisé par Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière.




Fabienne Claire Nothomb nait en 1966, au sein d’une famille noble belge, dont les centres d’intérêts sont la politique et la littérature. Son père, diplomate belge, fait voyager la famille, au fil de ses affectations dans différents pays (Chine, Etats-Unis, Bangladesh, Birmanie…) et deux périodes au Japon (1968-1972 ; puis 1988-1997). La vie diplomatique de son père, et donc de sa propre enfance, sera un sujet d’inspiration pour Amélie, notamment dans son roman  Biographie de la Faim.

En 1992, elle débute une carrière d’écrivain, et choisit comme nom de plume Amélie Nothomb.

Elle se crée alors, une biographie avec des éléments fictifs comme réels (article du Post en 2009 sur l’affaire Nothomb), déclare être née à Kobé en 1967, vit comme un exil son départ du Japon « Pays de la beauté » vers la Chine « Pays de la laideur ». Amélie Nothomb devient « La Machine Nothomb » (Pascal Goffaux, journaliste de la RTBF), et avec sa maison d’édition contrôle entièrement sa communication.
Elle se met en scène plusieurs fois dans ses romans dont l’action se joue au Japon. (Stupeur et tremblements, Ni d’Eve ni d’Adam).

Amélie Nothomb publie de façon très régulière un livre chaque année, aux éditions Albin Michel. Ses livres sont traduits dans 37 langues. Elle dit d’elle-même « être enceinte de ses romans », et déclare écrire depuis l’âge de ses 17 ans.




Vêtue entièrement de noir, grand chapeau, rouge à lèvres très marqué, son look est créé, et son excentricité n’est plus à prouver. Tous les ans, Amélie Nothomb suscite l’enthousiasme ou les critiques, ne laisse pas indifférent, et son succès en librairie n’est plus à démontrer.
Elle déclare prendre le temps de répondre à toutes les lettres reçues de ses lecteurs (effectivement, elle a répondu à tous mes courriers….), boire des litres de thé dès 5 heures du matin où elle commence à travailler dans un petit bureau capharnaüm chez son éditeur. Elle ne possède pas d’ordinateur, écrit sur ses genoux, assise sur une chaise, dans des cahiers d’écolier avec un stylo bille. Le soir, elle abandonne le thé et devient accro au Champagne (grands crus).

Plusieurs de ses romans ont été adaptés au théâtre, elle est aussi parolière pour des amies.

Trois romans phares ont été adaptés au cinéma :

1999 : Hygiène de l’assassin
2003 : Stupeur et tremblements
Et en 2015 : Ni d’Eve ni d’Adam, devient « Tokyo fiancée »

Distinctions :

1999 : Grand prix du roman de l’Académie Française
2007 : Prix de Flore
2008 : Grand-prix Jean Giono


Dernière minute : En mars 2015, la romancière belge, auteur de 23 romans publiés, a été élue membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, prenant le siège de Simon Leys (1935-2014).



Coquillette

vendredi 13 mars 2015

Esprit es-tu là ? # 4 Es-tu vraiment là ?

Au début d'une histoire de fantôme, le héros classique a tendance à faire preuve d'une certaine circonspection. Il cherche désespérément une explication rationnelle aux évènements déroutants qui se produisent juste sous ses yeux.
Et parfois il a raison : derrière tous ces phénomènes, il y a une explication logique. Tous les ingrédients d'une bonne histoire de fantômes sont pourtant en place : le manoir sombre et isolé, la lande battue par les vents, les portes qui grincent mais, au moment de soulever le drap... pas de fantômes, plutôt des squelettes dans les placards.
  



Explorons cette notion à travers deux exemples tirés de la littérature classique. Attention, la chronique qui suit dévoile quelques éléments clés des intrigues.


Commençons par Poe, un maître de l'horreur, dont les récits préfigurent le genre du fantastique.
Le héros du conte La Chute de la Maison Usher est invité à séjourner dans ladite maison par un vieil ami,Roderick Usher, accablé d'une étrange maladie. L'atmosphère, lugubre au possible, n'est pas allégée par la présence de la sœur jumelle de Roderick, également souffrante.
Elle ne tarde d'ailleurs pas à mourir et Roderick décide de conserver sa dépouille pendant deux semaines dans un caveau de la maison avant de procéder à l'enterrement définitif.
Mais quelques jours plus tard, d'étranges bruits se font entendre. S'agit-il du fantôme de la défunte sœur ? Pas si sûr...


La situation de Jane Eyre, l'héroïne du roman éponyme de Charlotte Brontë est un peu similaire. Recrutée comme gouvernante pour le compte d'un homme fort peu aimable, elle en tarde pas à entendre des cris étouffés et des ricanements la nuit. Une fois encore, il n'est pas certain qu'un fantôme soit responsable de tous ces dérangements.

Dans ces deux histoires, les fantômes ne sont en effet que des représentations, des métaphores des secrets de famille enfouis qui refont inévitablement surface.

D'ailleurs la psychologie s'est elle aussi emparée de cette image du fantôme, notamment depuis l'invention dans les années 1970 de la psychogénéalogie par Anne Ancelin Schützenberger. Selon ces théories, les événements et traumatismes vécus par nos ancêtres peuvent nous affecter sans que l'on en ait conscience. Nous sommes habités par nos ancêtres et nous avons parfois tendance à payer leurs dettes, à refaire les mêmes erreurs qu'eux. De là à dire qu'ils nous hantent, il n'y a qu'un pas.

Rien d’étonnant donc à ce que vous trouviez ces titres au rayon psychologie de la médiathèque :


Le murmure des fantômes, de Boris Cyrulnik

Et voici une dernière anecdote, en guise de conclusion. En langage bibliothéconomique (c'est à dire en jargon de bibliothécaire) un fantôme - peu, voir plus utilisé de nos jours- est une petite fiche qui mentionne le nom de l'emprunteur et que l'on place à la place du volume sorti.

Quand je vous disais que vous croiseriez des fantômes entre nos murs...

Cécile


vendredi 6 mars 2015

Esprit es-tu là ? # 3 Les vivants et les morts

La cohabitation entre les vivants et les morts s'avère parfois délicate, les fantômes étant rarement bien disposés à notre égard. Ce qui n'est pas toujours une bonne tactique car s'ils restent dans notre monde, c'est parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Ils ont alors besoin de nous pour trouver le repos.
  

Les fantômes réclament souvent quelque chose. On les a dupés de leur vivant, on leur a fait du mal, on les a privés de sépulture : ils crient vengeance. Et qui oserait dire non à un défunt ?
Il suffit donc que le père d'Hamlet apparaisse la nuit sur les remparts du château d’Elseneur pour entraîner son fils dans une sanglante aventure.

Certaines demandes sont heureusement moins dramatiques. Le livre Superstitions et croyances des pays de France, relate la légende du fantôme déplaceur de bornes. A l’époque où la terre était bien le plus précieux détenu par les paysans, certains n'hésitaient pas à déplacer à leur avantage les bornes délimitant les terrains, faute impardonnable qui les suivait au delà du trépas.
Les pauvres bougres étaient alors condamnés à arpenter les champs la nuit et, ployant sous le poids écrasant d'une énorme borne, ils se lamentant sans cesse, criant « où la mettrais-je? ». Ils ne trouvaient le repos que si une bonne âme leur criait "mets-la où tu l'as prise ! ».

Pourtant, les rôles peuvent parfois s’inverser et ce sont alors les vivants qui imposent leur loi. Par exemple, Le fantôme de Canterville imaginé par Oscar Wilde, un ancien Lord anglais, se retrouve confronté à une famille d’américains pragmatiques et modernes qu’il ne parviendra pas à déloger de son manoir.


Sur le même modèle, le film Beetlejuice de Tim Burton raconte l’histoire de deux adorables tourtereaux morts dans un accident de voiture. La famille qui prend alors possession de leur maison (les obligeant au passage à se réfugier au grenier) s’avèrent bien plus terrifiante que ces pauvres fantômes dépassés par les événements.

Enfin, il arrive aussi que les fantômes aident les vivants. Ebenezer Scrooge est un vieillard avare et solitaire, inventé par Charles Dickens. Il déteste Noël, la joie, la bonté et la charité. Et voilà pourtant que, le soir de Noël, son ancien associé, mort 7 ans plus tôt, lui apparaît en chair et en os (façon de parler, puisque le pauvre n’a plus d’entrailles). Le fantôme a pour mission de mettre en garde Scrooge : s’il ne change pas de comportement, il sera condamné aux flammes de l’enfer. Et pour remettre le vieil homme dans le droit chemin, trois spectres sont dépêchés à ses côtés : les esprits des Noël passés, présents et à venir.


D'ailleurs il n'y a pas que chez Dickens que les fantômes se manifestent la nuit de Noël. Selon une tradition du Languedoc, le soir du Réveillon, il faut réserver une assiette pour les défunts. Au menu : morue au lait, haricots et pruneaux cuits, le tout disposé autour d’un gâteau.
Bienheureux fantômes.


Cécile