vendredi 25 novembre 2016

Jean-Marie Chevrier

Jean-Marie Chevrier, dentiste de son état, vit en Creuse, mène une double carrière et a publié une huitaine de romans, dont Le dernier des Baptiste, sorti fin mars 2016 chez Albin Michel. 

Dans cet ouvrage, comme dans plusieurs des précédents, l’action se situe dans la Creuse, en Haute-Vienne, et aussi un peu à Vichy. Pas de date pour situer l’action, mais seulement une époque où l’on voit les petites propriétés agricoles disparaître au profit de très grandes exploitations.

Le héros de ce roman "agricole" est Baptiste, 50 ans à peu près, célibataire, vivant avec sa mère Louise (80 ans) qui est veuve. Baptiste est donc un paysan, propriétaire de 32 hectares, 18 vaches, 2 cochons, 1 jument et des abeilles. Il a une passion pour ses quelques ruches. La basse-cour est l’affaire de sa mère.

Baptiste, au début du roman va avoir un accident avec son tracteur, et sera amputé d’un bras. A son retour à la ferme, les problèmes commencent : comment continuer à exploiter les terres avec un bras en moins ? Il faut vendre le cheptel. Des voisins, exploitant des terres immenses rachetées à d’autres petits paysans, à grand renfort de crédits, vont se porter acquéreurs, et au fil de sombres tractations, faire leur propre prix. L’homme commence par perdre son bras, puis ses bêtes, et enfin ses terrains…

Louise s’inquiète de l’avenir de son fils, et veut le marier. Des sorties au bal, des voyages organisés (dont un à Vichy), vont servir de prétextes pour rencontrer des femmes potentielles… Il est timide, Baptiste, et ne sait pas comment s’y prendre avec les femmes. A cette époque, les femmes ne veulent plus vraiment de mariages arrangés entre les familles pour l’agrandissement des propriétés, et l’affaire se révèle très difficile, même une mère célibataire vivant à Limoges, ne cédera pas aux avances de Baptiste. Les sentiments sont souvent relayés au second plan. Mais durant une bonne partie de sa vie, Baptiste regrettera les quelques petites histoires sentimentales qu’il a connues.

Heureusement, il ne perd pas espoir, et se découvre une passion et un rêve un peu fou, de quoi lui donner la force et l’envie de continuer à vivre et un but à ses journées.
La fin du roman est plus que surprenante.

Ce roman montre une réalité criante de la désertification des campagnes, et une dure réalité de la vie du monde paysan, monde moribond ou même déjà mort.

Jean Marie Chevrier fait une fine analyse, très réaliste, grave et légère à la fois, avec des situations comiques par moments, du monde agricole.
L’auteur garde tout au long du roman une grande humanité envers ses personnages.

Autres titres de cet auteur : 

vendredi 4 novembre 2016

Les éditions Gallmeister

La passion pour la pêche à la truite peut vous mener à l’édition. Vous en doutez ? Alors penchons-nous  sur l’excellente maison d’édition Gallmeister, histoire de vous faire changer d’avis. 

Amoureux de cette discipline, c’est en découvrant Traité du zen et de l’art de la pêche à la mouche de John Gierac, qu’Oliver Gallmeister  constate que les livres qu’il aime ne sont pas traduits en France. Il décide alors de créer, en 2005, sa propre maison d’édition consacrée exclusivement à la littérature américaine pour remédier au problème.
Son ambition ? Faire découvrir aux lecteurs une autre Amérique : celle des grands espaces. Gallmeister introduit alors un genre littéraire nouveau en France "le Nature Writing".


L’un des premiers auteurs publiés se nomme Edward Abbey avec Le gang de la clef à molette (tout un programme). Dénonciation cinglante du monde industriel, ce livre est un hommage à la nature et un hymne à la désobéissance civile. Tout cela précédé d’une préface de Robert Redford, rien que cela.  

Gallmeister a depuis étoffé son catalogue. Venez découvrir, entre autre (il y en a tellement) Lonesome Dove de Larry Mc Murtry, extraordinaire chronique du Far West et véritable bonheur de lecture ; Lucy in the Sky de Pete Fromm sur le parcours initiatique d’une jeune fille vers sa vie d’adulte ; ou encore Wilderness de Lance Weller, premier roman prodigieux sur la violence et les horreurs qui hantent les hommes.


L’éditeur a également développé d’autres collections tels que "Americana" qui donne la parole aux romanciers plus urbains, plus politiques, dont les œuvres n’hésitent pas à bousculer l’Amérique. En témoignent Les Douze tribus d’Hattie, d'Ayana Mathis, premier roman éblouissant sur l’Amérique noire du XXe siècle. 
Mais aussi "Noire", collection de thriller où sévissent les talentueux Craig Johnson, William Tapply, ou encore Matthew McBride, auteur de Frank Sinatra dans un mixeur. Et oui, vous aurez remarqué que les titres sont toujours choisis avec soin !
En bref, les Editions Gallmeister constituent pour moi un véritable gage de qualité. Alors n’hésitez pas à en emprunter. Vous les reconnaîtrez facilement à l’emblème de la maison : une patte d’ours entouré d’un ovale blanc qui est à elle seule une promesse de voyage.

Martine

vendredi 28 octobre 2016

Top 5 Romans Octobre 2016

De Clermont-Tonnerre
Le Dernier des nôtres
J.P Dubois
La Succession
S. Liberati
California Girls
G. Faye
Petit pays
S. O'Nan
Derniers feux sur sunset

mercredi 5 octobre 2016

Top 5 Beaux-Arts octobre 2016

Le Douanier Rousseau
DC Comics
Style Japon
New Deal photography
Living Roof

vendredi 23 septembre 2016

A la découverte des maisons d'artistes avec les aquarelles de Bruno FortuneR

De maisons d’artistes en maisons d’artistes est la 5ème exposition consacrée à un carnettiste, présentée en partenariat avec l’Association Il faut aller voir qui organise depuis 17 ans le Festival Carnet de Voyage de Clermont-Ferrand.

Après la découverte de l’Algérie avec Claire et Reno Marca, de l’Inde avec Stéphanie Ledoux, du royaume des fées à Zanzibar avec Sonia Privat, des navires de commerce et autres "géants des mers" avec Vivi Navarro, place aux maisons aquarellées de Bruno FortuneR !

Bruno FortuneR, architecte-paysagiste de formation, révèle, par l’aquarelle et l’écriture, l’architecture de lieux qui reflètent l’âme de leurs propriétaires. Des lieux habités pour un instant ou durant toute une vie, que l’aquarelliste observe afin de les peindre et "dépeindre jusque dans les rides des pierres et le fard des crépis".



Des maisons de voisins, d’amis, des lieux habités par des peintres, des écrivains, des musiciens et des architectes… en Suède, au Mali, en Allemagne et surtout en France.

Fermes, maisons, châteaux, cabanes, salles de spectacles, guinguettes, musées… Des lieux divers mais vivants racontés par des amis ou des rencontres sur la demande même de l’aquarelliste avant la réalisation de son dessin.

Il explique sa démarche : "Comment t’écris maison ? fut la question que je posais à ceux venus me demander dessine-moi ma maison. En contrepartie d’une aquarelle, ils me contèrent donc, en espèces sonnantes ou chuchotantes, un morceau de leur demeure. Un morceau de vie ou un morceau d’histoire".
Voilà pourquoi il "épingle"à la maison, au lieu de vie, le portrait du propriétaire afin qu' "aux maisons-aquarelles répondent les visages filigranes".
Et lorsque le propriétaire n’est plus, Bruno FortuneR l’imagine encore dans son quotidien car la maison conserve le reflet de celui qui l’a habitée.


L'exposition présentée du 30 septembre au 20 octobre 2016. Entrée libre et Gratuite
Vernissage vendredi 30 septembre à 17h30 en présence de l’artiste.

Retrouvez les livres de Bruno FortuneR dans nos rayons : J’ai peint des mots sur vos maisons et De maisons d'artistes en maisons d'artistes 



Isabelle



vendredi 16 septembre 2016

Fairyland de Alysa Abbott

C'est la fin des années 60, les étudiants clament : "Soyez réalistes, demandez l'impossible ! ". 
Barbara Blinder, jeune féministe et Steve Abbott, objecteur de conscience homosexuel, sont amoureux et se marient sans se promettre fidélité. Mais cette union prend vite l'eau, malgré la naissance de leur fille Alysia en 1970. Et bientôt, Barbara meurt laissant un père et sa fille complètement désemparés.
Steve décide alors d'élever seul sa fille mais également de vivre pleinement son homosexualité. Direction San Francisco, quartier de Haight-Ashbury, le centre névralgique de la culture hippie. Commence alors pour eux une vie de bohème sans-le-sou : "San Francisco était notre monde, notre royaume enchanté, notre Fairyland."

Alysia vit une enfance atypique, intensément et maladroitement aimé par son père. Steve la traite comme une adulte et lui présente ses compagnons. Il lui impose de nombreux déménagements dans des appartements minuscules où elle se retrouve souvent seule. Parfois il l'emmène avec lui aux lectures données à la librairie "City Lights". Ensemble, ils côtoient William Burroughs ou Richard Brautigan. 
Car l'écriture est vitale pour Steve. Il devient bientôt une figure de la scène littéraire et militante homosexuelle. L'écriture est également un moyen de communiquer avec sa fille qu'il a bien des difficultés à comprendre au fur et à mesure qu'elle grandit et devient plus intolérante envers lui. 

Fairyland n'est pas une fiction, mais le témoignage poignant et militant d'une femme qui revient sur son enfance. A travers une histoire personnelle, on voit défiler les années 70 à San Francisco à une époque où des hommes et des femmes se battent pour avoir le droit de vivre comme ils l'entendent sans discrimination. On retrouve, d'ailleurs, dans ce livre, toute l'histoire de la communauté homosexuelle racontée dans le film Harvey Milk, premier gay à avoir été élu conseiller municipal en 1977. Et c'est passionnant !




Mais bientôt ce sont les années 80 qui voient la ville basculer dans la tragédie quand arrive l'épidémie
du sida, dont Steve et beaucoup d'autres seront les victimes. C'est d'ailleurs à la mort de son père, qu'Alysia va retrouver ses journaux intimes, une dizaine de cahiers qui lui serviront de base pour écrire ce livre. "Et puis j’ai lu le journal intime de mon père. Et une tout autre histoire a émergé. "

Et cette histoire est une magnifique et bouleversante déclaration d'amour d'une fille à son père qui a assumé sa paternité comme il pouvait."S’il a échoué parfois en tant que parent, son échec était noble. (…) Il fut un pionnier." Alysia nous fait entrer dans leur intimité avec une extrême pudeur qui fait qu'on les accompagne sans jamais se sentir voyeur. 

Pas étonnant que Sofia Coppola ait pour projet de l'adapter au cinéma !


Pour aller plus loin :



Martine

vendredi 2 septembre 2016

Zaï zaï zaï zaï de Fabcaro

Ma première réaction en voyant la bande dessinée Za¨zaï zaï zaï a été : "c'est plutôt vilain". D'ailleurs, de la bouche même du créateur, Fabcaro, la couleur dominante est le "caca d'oie pas très joli".

Et puis, j'ai commencé à lire et très vite, je me suis rendue à l'évidence : cette bande dessinée est tout simplement géniale !

Le point de départ est assez simple : le héros, auteur de bandes dessinées de son état, est sur le point de payer ses courses à la caisse du supermarché. Et là, horreur, il réalise qu'il a oublié sa carte de fidélité. 
Consternation totale dans le magasin. Il a beau arguer qu'il a oublié sa carte dans son autre pantalon, rien n'y fait : on appelle la sécurité et le héros se retrouve obligé de menacer l'assistance avec un poireau avant de prendre la fuite.
Commence ensuite une longue errance pour le héros et un emballement médiatique sans précédent.


Fabcaro s'amuse avec les genres : du polar au road-movie en passant par le conte philosophique avec un merveilleux sens du burlesque et du nonsense britannique. Avec cette bande dessinée, il souhaitait épingler les travers des médias et de la société de consommation :
"[...] ce livre est le plus politique parmi ceux que j'ai publiés jusqu'à présent ! J'y parle indirectement beaucoup de tolérance, d'acceptation de l'autre. J'ai choisi de mettre en scène un auteur de BD, ce qui m'a permis d'utiliser mes propres traits, et de souligner la précarité grandissante de ce statut."
Pari réussi, comme le prouve les planches ci-dessous :



Publiée par 6 pieds sous terre, un petit éditeur basé à Montpellier, Za¨zaï zaï zaï n'est pas passé inaperçu et s'est vu décerné de nombreux prix, dont le Prix des libraires de Bandes dessinées, le Prix Landerneau, le Prix SNCF du Polar et le Grand prix de la critique.
Za¨zaï zaï zaï fait également partie de la bédéthèque idéale de Télérama que je vous invite à parcourir ici.

Une dernière chose : si vous voulez comprendre le titre, il ne vous reste plus qu'à lire cette petite pépite, la réponse se trouve à la toute dernière page !

Cécile

samedi 13 août 2016

Seuls ensemble : de plus en plus de technologies, de moins en moins de relations humaines



Cette photo a été prise dans une maison de retraite au Japon. On y voit un vieil homme câliner ce qui ressemble à un bébé phoque en peluche. 
Il s'agit en fait d'un robot, plus précisément d'un robot thérapeutique. Baptisé Paro, ce petit phoque est de plus en plus présent dans les maisons de retraite du Japon et d'ailleurs (Etats-Unis et pays scandinaves principalement).

Paro a considérablement amélioré le quotidien des maisons de retraites. Il stimule la mémoire, l'empathie et la motricité des pensionnaires qui, pour une fois, prodiguent des soins au lieu de se contenter de les recevoir. 
Paro est également une aide précieuse pour le personnel, souvent surmené, des maisons de retraite, et il atténue la culpabilité des familles qui aiment voir leur parent s'animer en présence du petit robot. 

Tout le monde y gagne. En apparence.

Shelly Thrukle, l'auteure de Seuls ensemble, de plus en plus de technologies, de moins en moins de relations humaines, est anthropologue. Elle dirige le département Technologie et autonomie du MIT, Institut de technologie du Massachusetts, spécialisé dans le développement de la robotique.

Elle n'est donc a priori pas hostile aux robots. Mais elle pose des questions éthiques face à leur présence de plus en plus banalisée dans notre quotidien. Elle a notamment mené plusieurs expériences assez troublantes auprès d'enfants. Même si intellectuellement, ils comprennent tout à fait que les robots ne sont pas des êtres vivants, émotionnellement, ils se laissent assez facilement duper par les réactions préprogrammées des machines sensées susciter le dialogue et l'empathie. 

Pour s'en convaincre, il suffit de regarder la vidéo ci-dessous qui nous présente un robot dont le visage reproduit à la perfection les émotions humaines.


Ce livre est à la fois très documenté et très accessible. Ne vous laissez pas intimider par le nombre de pages (plus de 500 tout de même) : la lecture est tout simplement captivante ! 


Cécile

vendredi 29 juillet 2016

Top 5 Romans Juillet

C. Link
L'Emprise du passé
C. Lackberg
Le dompteur de lions
L. Fouchet
Entre ciel et Lou
A. Lapierre
Moura
M.S. Roger
Dans les prairies étoilées

Bienvenue à Night Vale


Bienvenue à Night Vale, petite bourgade perdue en plein désert, célèbre pour ses mystérieuses lumières qui parcourent le ciel nocturne, sa police secrète omniprésente et son parc canin dans lequel chiens et hommes sont formellement interdits.

Une ville presque comme les autres où il fait bon vivre : les bibliothécaires mangent les lecteurs, les chats lévitent, certains jours de la semaine sont supprimés pour une meilleure répartition du temps, et toutes les choses improbables qui pourraient vous arriver, vous arriveront fatalement.
Dans cette ville vivent des habitants plus fantasques les uns que les autres, parmi lesquels Jackie et Diane. Jackie tient le Mont-de-piété de Night Vale. Elle a toujours vécu ici et, détail amusant, elle a aussi 19 ans depuis toujours. Quant à Diane, c'est une mère célibataire comme il en existe tant, si ce n'est que son fils, adolescent taciturne, est également protéiforme, tantôt humain, tantôt animal, et parfois tout simplement indéfinissable.

Une vision atypique des bibliothèques :
"Voilà pourquoi tout le monde déteste les bibliothèques :
Prenez-les vos trois dollars, et on se retrouvera en enfer !"
A ville atypique, livre atypique. Tout d'abord, parce que, petite coquetterie, il est violet de la couverture jusqu'à la tranche.
Et surtout parce que, avant d'être un livre, Bienvenue à Night Vale était un podcast, une émission de radio fictive de la petite ville de Night Vale.
Créé en 2012 par Jospeh Fink et Jeffrey Cranor, Welcome to Nightvale est rapidement devenu l'un des podcast les plus téléchargés sur Itunes !
Le podcast est gratuitement disponible sur différentes plateformes...en anglais.
Heureusement pour nous, une communauté de fans a créé une version française de grande qualité : Bienvenue à Valnuit.


Je dois dire que j'ai une petite préférence pour la version radiophonique, mais je ne peux que vous encourager à découvrir l'univers de Night Vale, sous quelque forme que ce soit ! 


Pour aller plus loin : Article paru dans Les Inrocks


Cécile





vendredi 8 juillet 2016

L'Homme à l'autographe de Zadie Smith

L'homme à l'autographe est le deuxième livre de Zadie Smith (dont je vous ai parlé dans la chronique précédente). J'ai choisi de vous présenter ce roman plus en détail car, de ses quatre livres, c'est le moins connu et c'est également mon préféré.

Comme dans la plupart des romans de Zadie Smith, l'action se situe dans la banlieue de Londres où vit Alex-Li Tandem, notre (anti-)héro.
Son nom est déjà tout un programme : comme le tandem, Alix-Li est double, et même triple : anglais, juif et chinois.
Le livre s'ouvre sur une mémorable scène de combat de catch auquel assiste Alex-Li et quelques amis. Il a treize ans, et cette journée marquera à tout jamais son existence : il se découvre une passion pour les autographes et, surtout, au beau milieu des supporters qui veulent féliciter leur champion à la fin du match, le père d'Alex-Li meurt d'un cancer qu'il avait caché à son entourage.


Nous retrouvons ensuite Alex-Li à 30 ans et toujours incapable de sortir d'un deuil qu'il refuse de faire. Il est adulte, ou tout du moins il est sensé l'être, mais sa seule stabilité lui vient de son métier : il est "autographiste", chargé d’authentifier et de vendre des autographes. Le reste de sa vie est chaotique au plus haut point. Il est amoureux, mais incapable de s'engager, il boit (trop) et fume un peu tout, et surtout n'importe quoi.

Julia Faye, actrice
de cinéma muet
Il voue également un culte à une starlette hollywoodienne au temps du cinéma muet, Kitty Alexander, réputée pour ne jamais donner d'autographe. 
Or, voilà qu'un jour où Alex-Li est dans un état plus que second, il trouve un autographe de Kitty dans sa boîte aux lettres. Et cet autographe marquera le début d'une quête initiatique qui, de Londres à Hollywood, permettra enfin à Alex-Li de grandir et de faire son deuil.

J'ai beaucoup aimé suivre les tribulations à la fois cocasses et touchantes d'Alex-Li, et j'ai particulièrement aimé le style fluide, très imagé de Zadie Smith. Cerise sur le gâteau, ce roman est truffé d'humour (notamment d'humour juif) et c'est à la page 148 que j'ai découvert une merveilleuse blague que, rien que pour vous, j'ai retranscrite ci-dessous : 

"L’Histoire du pape et du grand rabbin :

Il y a plusieurs siècles, le pape avait décrété l'expulsion de tous les Juifs d’Italie. Naturellement, cette décision provoqua de vives protestations au sein de la communauté juive, si bien que le pape leur proposa un marché. Il prendrait part à un débat théologique avec un chef spirituel de la communauté juive. Si ce dernier remportait le débat, les Juifs seraient autorisés à rester en Italie. Si le pape gagnait, les Juifs seraient obligés de partir.

La communauté juive se réunit et choisit un vieux rabbin, Moishe, pour la représenter au débat. Mais Rabbi Moishe ne parlait pas latin, et le pape ne parlait pas yiddish. On convint donc que le débat serait « silencieux ».

Le jour du grand débat, le pape et Rabbi Moishe s'assirent l'un en face de l'autre. Ils restèrent immobiles une bonne minute, jusqu'à ce que le pape tende la main et lève trois doigts. Le rabbin soutint son regard et leva un seul doigt.

Puis le pape fit tourner un doigt autour de sa tête. Rabbi Moishe désigna le sol. Alors le pape produisit une hostie et un calice de vin. Rabbi Moishe sortit une pomme. Là-dessus, le pape se leva et dit : « Je reconnais ma défaite. Cet homme a eu le dessus. Les Juifs peuvent rester. »

Plus tard, les cardinaux se rassemblèrent autour du pape pour lui demander ce qui s'était passé. Le pape dit : « D’abord, j'ai levé trois doigts pour représenter la Trinité. Il a répondu en levant un seul doigt, pour me rappeler que malgré tout il n'y a qu'un seul Dieu, commun à nos deux religions. Alors j'ai fait tourner mon doigt autour de moi pour lui montrer que Dieu était tout autour de nous. Il a répondu en désignant le sol pour montrer que Dieu est aussi ici-bas avec nous. Enfin, j'ai sorti le vin et l'hostie pour montrer que Dieu nous absout de nos péchés. Il a sorti une pomme pour me rappeler le Péché originel. Il avait réponse à tout. Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? »

Pendant ce temps, la communauté juive se pressait autour de Rabbi Moishe pour lui demander ce qui s'était passé. « Eh bien, dit Moishe, d'abord il m’a dit : “Vous les Juifs, vous avez trois jours pour vous en aller." Alors je lui ai dit : "Pas un seul d'entre nous ne partira d'ici." Alors il me dit que toute la ville va être vidée de ses Juifs. Et moi je lui dis : "Écoutez-moi, monsieur le pape, nous les Juifs… on reste ici!"

— Et alors? demanda une femme.

— Je ne sais pas, dit Rabbi Moishe. On s'est arrêtés pour manger."

Cécile

mercredi 6 juillet 2016

Top 5 Documentaires Juillet 2016

La maison écologique
M. Giran
Récolter les jeunes pousses
Moutsie
Demain l'espace
Jacques Arnoult
Jaguar
E. Lecesne
Prix Wildlife
Photographer of the year

vendredi 1 juillet 2016

Top 5 Bandes dessinées Juin 2016

Pozla
Carnet de santé foireuse
C. Jourdy
Juliette
Corps et âme
Jef
L'odeur des garçons affamés
F. Peeters 
Ce qu'il faut de terre à l'homme
M. Veyron