vendredi 23 septembre 2016

A la découverte des maisons d'artistes avec les aquarelles de Bruno FortuneR

De maisons d’artistes en maisons d’artistes est la 5ème exposition consacrée à un carnettiste, présentée en partenariat avec l’Association Il faut aller voir qui organise depuis 17 ans le Festival Carnet de Voyage de Clermont-Ferrand.

Après la découverte de l’Algérie avec Claire et Reno Marca, de l’Inde avec Stéphanie Ledoux, du royaume des fées à Zanzibar avec Sonia Privat, des navires de commerce et autres "géants des mers" avec Vivi Navarro, place aux maisons aquarellées de Bruno FortuneR !

Bruno FortuneR, architecte-paysagiste de formation, révèle, par l’aquarelle et l’écriture, l’architecture de lieux qui reflètent l’âme de leurs propriétaires. Des lieux habités pour un instant ou durant toute une vie, que l’aquarelliste observe afin de les peindre et "dépeindre jusque dans les rides des pierres et le fard des crépis".



Des maisons de voisins, d’amis, des lieux habités par des peintres, des écrivains, des musiciens et des architectes… en Suède, au Mali, en Allemagne et surtout en France.

Fermes, maisons, châteaux, cabanes, salles de spectacles, guinguettes, musées… Des lieux divers mais vivants racontés par des amis ou des rencontres sur la demande même de l’aquarelliste avant la réalisation de son dessin.

Il explique sa démarche : "Comment t’écris maison ? fut la question que je posais à ceux venus me demander dessine-moi ma maison. En contrepartie d’une aquarelle, ils me contèrent donc, en espèces sonnantes ou chuchotantes, un morceau de leur demeure. Un morceau de vie ou un morceau d’histoire".
Voilà pourquoi il "épingle"à la maison, au lieu de vie, le portrait du propriétaire afin qu' "aux maisons-aquarelles répondent les visages filigranes".
Et lorsque le propriétaire n’est plus, Bruno FortuneR l’imagine encore dans son quotidien car la maison conserve le reflet de celui qui l’a habitée.


L'exposition présentée du 30 septembre au 20 octobre 2016. Entrée libre et Gratuite
Vernissage vendredi 30 septembre à 17h30 en présence de l’artiste.

Retrouvez les livres de Bruno FortuneR dans nos rayons : J’ai peint des mots sur vos maisons et De maisons d'artistes en maisons d'artistes 



Isabelle



vendredi 16 septembre 2016

Fairyland de Alysa Abbott

C'est la fin des années 60, les étudiants clament : "Soyez réalistes, demandez l'impossible ! ". 
Barbara Blinder, jeune féministe et Steve Abbott, objecteur de conscience homosexuel, sont amoureux et se marient sans se promettre fidélité. Mais cette union prend vite l'eau, malgré la naissance de leur fille Alysia en 1970. Et bientôt, Barbara meurt laissant un père et sa fille complètement désemparés.
Steve décide alors d'élever seul sa fille mais également de vivre pleinement son homosexualité. Direction San Francisco, quartier de Haight-Ashbury, le centre névralgique de la culture hippie. Commence alors pour eux une vie de bohème sans-le-sou : "San Francisco était notre monde, notre royaume enchanté, notre Fairyland."

Alysia vit une enfance atypique, intensément et maladroitement aimé par son père. Steve la traite comme une adulte et lui présente ses compagnons. Il lui impose de nombreux déménagements dans des appartements minuscules où elle se retrouve souvent seule. Parfois il l'emmène avec lui aux lectures données à la librairie "City Lights". Ensemble, ils côtoient William Burroughs ou Richard Brautigan. 
Car l'écriture est vitale pour Steve. Il devient bientôt une figure de la scène littéraire et militante homosexuelle. L'écriture est également un moyen de communiquer avec sa fille qu'il a bien des difficultés à comprendre au fur et à mesure qu'elle grandit et devient plus intolérante envers lui. 

Fairyland n'est pas une fiction, mais le témoignage poignant et militant d'une femme qui revient sur son enfance. A travers une histoire personnelle, on voit défiler les années 70 à San Francisco à une époque où des hommes et des femmes se battent pour avoir le droit de vivre comme ils l'entendent sans discrimination. On retrouve, d'ailleurs, dans ce livre, toute l'histoire de la communauté homosexuelle racontée dans le film Harvey Milk, premier gay à avoir été élu conseiller municipal en 1977. Et c'est passionnant !




Mais bientôt ce sont les années 80 qui voient la ville basculer dans la tragédie quand arrive l'épidémie
du sida, dont Steve et beaucoup d'autres seront les victimes. C'est d'ailleurs à la mort de son père, qu'Alysia va retrouver ses journaux intimes, une dizaine de cahiers qui lui serviront de base pour écrire ce livre. "Et puis j’ai lu le journal intime de mon père. Et une tout autre histoire a émergé. "

Et cette histoire est une magnifique et bouleversante déclaration d'amour d'une fille à son père qui a assumé sa paternité comme il pouvait."S’il a échoué parfois en tant que parent, son échec était noble. (…) Il fut un pionnier." Alysia nous fait entrer dans leur intimité avec une extrême pudeur qui fait qu'on les accompagne sans jamais se sentir voyeur. 

Pas étonnant que Sofia Coppola ait pour projet de l'adapter au cinéma !


Pour aller plus loin :



Martine

vendredi 2 septembre 2016

Zaï zaï zaï zaï de Fabcaro

Ma première réaction en voyant la bande dessinée Za¨zaï zaï zaï a été : "c'est plutôt vilain". D'ailleurs, de la bouche même du créateur, Fabcaro, la couleur dominante est le "caca d'oie pas très joli".

Et puis, j'ai commencé à lire et très vite, je me suis rendue à l'évidence : cette bande dessinée est tout simplement géniale !

Le point de départ est assez simple : le héros, auteur de bandes dessinées de son état, est sur le point de payer ses courses à la caisse du supermarché. Et là, horreur, il réalise qu'il a oublié sa carte de fidélité. 
Consternation totale dans le magasin. Il a beau arguer qu'il a oublié sa carte dans son autre pantalon, rien n'y fait : on appelle la sécurité et le héros se retrouve obligé de menacer l'assistance avec un poireau avant de prendre la fuite.
Commence ensuite une longue errance pour le héros et un emballement médiatique sans précédent.


Fabcaro s'amuse avec les genres : du polar au road-movie en passant par le conte philosophique avec un merveilleux sens du burlesque et du nonsense britannique. Avec cette bande dessinée, il souhaitait épingler les travers des médias et de la société de consommation :
"[...] ce livre est le plus politique parmi ceux que j'ai publiés jusqu'à présent ! J'y parle indirectement beaucoup de tolérance, d'acceptation de l'autre. J'ai choisi de mettre en scène un auteur de BD, ce qui m'a permis d'utiliser mes propres traits, et de souligner la précarité grandissante de ce statut."
Pari réussi, comme le prouve les planches ci-dessous :



Publiée par 6 pieds sous terre, un petit éditeur basé à Montpellier, Za¨zaï zaï zaï n'est pas passé inaperçu et s'est vu décerné de nombreux prix, dont le Prix des libraires de Bandes dessinées, le Prix Landerneau, le Prix SNCF du Polar et le Grand prix de la critique.
Za¨zaï zaï zaï fait également partie de la bédéthèque idéale de Télérama que je vous invite à parcourir ici.

Une dernière chose : si vous voulez comprendre le titre, il ne vous reste plus qu'à lire cette petite pépite, la réponse se trouve à la toute dernière page !

Cécile