Comment écrivez-vous ?
Voilà sûrement la question la plus souvent posée aux écrivains.
Mais d'autres sujets mériteraient d'être abordés : Etes-vous du matin ou du soir ? Gourmet ou ascète ? Préférez-vous faire la vaisselle ou le repassage ? Jardiner ou bricoler ? Faire du sport ou vous soûler ?
Sans aucun voyeurisme, poussez donc la porte de quelques écrivains célèbres d’hier et d’aujourd’hui. Étudiez-les dans leur habitat naturel, regardez-les cuisiner, faire les courses ou récurer leur intérieur. Et, qui sait, vous vous découvrirez peut-être des points communs avec eux.
Les écrivains et les courses
Les corvées, tout le monde cherche à y échapper, mais certains écrivains ne reculent devant rien. Le cas de Gertrude Stein est rapporté dans l'excellent livre d'Alberto Manguel, Petites histoires de la littérature américaine.
G.Stein est à Paris, peu après la Seconde Guerre Mondiale. Le rationnement a encore cours et il faut faire la queue devant les magasins avant d'être servi. G.Stein ne se démonte pas, elle passe devant tout le monde pour atteindre l'étal du boucher. Face aux cris de colère de la foule, elle joue ensuite l'étonnée : elle croyait qu'en France, patrie des lettres, les écrivains bénéficiaient d'un laisser-passer au motif qu'ils avaient « moins de temps à consacrer aux tâches quotidiennes » !
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Rationnement après la guerre |
Les écrivains et le ménage
Mais tous les écrivains ne font pas comme Gertrude Stein, Stephen King en est un bon exemple. Dans son autobiographie Ecriture, il raconte la genèse de son premier grand roman à succès, Carrie. C'est durant un job d'été où il était chargé de récurer à fond des vestiaires de gymnase qu'il a eu l'idée de l'horrible scène inaugurale dans laquelle Carrie est bombardée de serviettes hygiéniques par une foule de jeunes filles en délire.
Je vous invite d'ailleurs à (re)découvrir son calvaire dans cet extrait du film de Brian de Palma :
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Petite pensée émue pour tous les chefs-d’œuvre qui disparaissent dans l'eau du lave-vaisselle, avant même d'avoir existé.
Les écrivains et la cuisine
Restons encore un peu avec Agatha Christie pour explorer les rapports entre les écrivains et la cuisine.
Quand elle ne travaillait pas face à son évier, Agatha s'installait à son bureau et gardait à proximité d'elle une grande jatte de crème caillée sur laquelle était inscrit "Don"t be greedy", ne te goinfre pas.
Peine perdue...elle était d'une gourmandise légendaire et la crème était bien souvent terminée avant le chapitre en cours.
Un gâteau a même été créé en son honneur par un grand pâtissier anglais qui s'est inspiré d'une des enquêtes de Miss Marple, Un meutre sera commis le.... Il s'agit d'un gâteau d'anniversaire pour le moins mortel : beaucoup de chocolat et de beurre, une montagne de sucre, des raisins secs, le tout couvert d'un glaçage au chocolat, agrémenté d'une dose de poison.
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Vous trouverez la recette (en anglais et sans le poison)
en cliquant sur l'image :
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Et si vous n’êtes pas encore rassasié, vous pouvez toujours suivre Julian Barnes dans sa cuisine et partager l'angoisse qui l’étreint quand son livre de recettes indique : "prendre deux oignons moyens", sans se donner la peine de définir au préalable la taille moyenne des oignons...
A suivre : Les écrivains, entre restrictions et décadence.
Cécile