samedi 18 avril 2015

Une littérature dans le vent ...la littérature des grands espaces. Deuxième partie : l'école du Montana

La littérature américaine des grands espaces est souvent associée à l’école du Montana.

Il s’agit bien d’une école littéraire américaine appelée aussi « génération Montana » ou la «Montana Connection». Elle porte le nom d’un vaste état de l’Ouest des Etats-Unis (300 000 km2), à la frontière avec le Canada, compris entre les Grandes Plaines à l’est et les Rocheuses à l’ouest. Il est connu pour son climat rude, son l’isolement important, ses paysages démesurés, son absence d’hommes ou presque.

Cette école regroupe des écrivains originaires du Montana mais aussi des étudiants (écrivains en devenir) venus s'installer dans le Montana pour suivre des cours d'écriture organisés par l'université du Montana et le plus souvent assurés par ses écrivains natifs.



Tout commence dans les années 60, avec des auteurs aux styles divers et aux centres d’intérêt variés. Au point que certains refusent cet intitulé «d’école », pour eux, pure invention journalistique. Ils publient romans, nouvelles, récits, polars, ouvrages écologiques …

Les paysages du Montana sont présents ou oubliés. La nature est dangereuse ou apaisante. Elle a surtout forgé des caractères humains, parfois hors norme.


Considéré comme un des pionniers de cette école, Richard Brautigan (1935- 1984) m’a vraiment enchantée avec ses Mémoires sauvés du vent, récit de la vie d’un jeune garçon de 12 ans épris de liberté et vivant de débrouilles, amateur de pêche sur les rives d’un étang où cohabite une petite société complètement décalée.

Avec Rick Bass (1958 - ….), nous rentrons dans des espaces sauvages. La nature est au centre d’une bataille entre intérêt financier et considération écologique. L’émerveillement de l’écrivain pour cette nature sauvage transparaît dans son écriture. Là où se trouvait la mer : moins de dix personnages perdus dans l’immensité ! Le livre de Yaak : une vallée du Montana prête son nom au roman. Malgré sa faible superficie, elle possède une faune et une flore extraordinaire longuement décrite. Mais elle est menacée par la déforestation. Quelques hommes essaient de s’opposer aux grandes compagnies exploitant de manière irraisonnée et en toute impunité les ressources de cette région.



Que se soient dans ses nouvelles comme Rock springs, ou dans son dernier roman publié en France Canada, Richard Ford (1944-…) nous entraîne dans des histoires d’un réalisme très sombre, où le questionnement de ses personnages est toujours le même : comment faire pour vivre heureux ? Sa quête est immense.


James Crumley (1939-2008) était natif du Texas, mais s’était installé à Missoula dans le Montana. Avec ses polars, il fait sortir ce genre littéraire de la ville pour lui faire rejoindre la campagne. Le dernier baiser, premier de ses textes publiés en France, est devenu un classique du genre. Style mordant et humoristique avec des intrigues souvent tordues, mais n’ayant pas toujours pour espace géographique le Montana (Texas et frontière mexicaine…)



Thomas McGuane (1939 -…), son titre le plus souvent cité est Rien que du ciel bleu. Mais pour ma part, j’ai passé un si bon moment avec le pauvre docteur Pickett de Sur les jantes, que je vous pousse à faire sa connaissance au plus vite !


On peut rentrer dans le monde des indiens avec James Welch (1940-2003) et L'hiver dans le sang. Un indien (qui ressemble fort à James Welch), élevé dans une réserve, à l'issue d'un parcours chaotique, parvient à reconstituer l'existence sauvage et libre de ses aïeux.


Isabelle