vendredi 6 mars 2015

Esprit es-tu là ? # 3 Les vivants et les morts

La cohabitation entre les vivants et les morts s'avère parfois délicate, les fantômes étant rarement bien disposés à notre égard. Ce qui n'est pas toujours une bonne tactique car s'ils restent dans notre monde, c'est parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Ils ont alors besoin de nous pour trouver le repos.
  

Les fantômes réclament souvent quelque chose. On les a dupés de leur vivant, on leur a fait du mal, on les a privés de sépulture : ils crient vengeance. Et qui oserait dire non à un défunt ?
Il suffit donc que le père d'Hamlet apparaisse la nuit sur les remparts du château d’Elseneur pour entraîner son fils dans une sanglante aventure.

Certaines demandes sont heureusement moins dramatiques. Le livre Superstitions et croyances des pays de France, relate la légende du fantôme déplaceur de bornes. A l’époque où la terre était bien le plus précieux détenu par les paysans, certains n'hésitaient pas à déplacer à leur avantage les bornes délimitant les terrains, faute impardonnable qui les suivait au delà du trépas.
Les pauvres bougres étaient alors condamnés à arpenter les champs la nuit et, ployant sous le poids écrasant d'une énorme borne, ils se lamentant sans cesse, criant « où la mettrais-je? ». Ils ne trouvaient le repos que si une bonne âme leur criait "mets-la où tu l'as prise ! ».

Pourtant, les rôles peuvent parfois s’inverser et ce sont alors les vivants qui imposent leur loi. Par exemple, Le fantôme de Canterville imaginé par Oscar Wilde, un ancien Lord anglais, se retrouve confronté à une famille d’américains pragmatiques et modernes qu’il ne parviendra pas à déloger de son manoir.


Sur le même modèle, le film Beetlejuice de Tim Burton raconte l’histoire de deux adorables tourtereaux morts dans un accident de voiture. La famille qui prend alors possession de leur maison (les obligeant au passage à se réfugier au grenier) s’avèrent bien plus terrifiante que ces pauvres fantômes dépassés par les événements.

Enfin, il arrive aussi que les fantômes aident les vivants. Ebenezer Scrooge est un vieillard avare et solitaire, inventé par Charles Dickens. Il déteste Noël, la joie, la bonté et la charité. Et voilà pourtant que, le soir de Noël, son ancien associé, mort 7 ans plus tôt, lui apparaît en chair et en os (façon de parler, puisque le pauvre n’a plus d’entrailles). Le fantôme a pour mission de mettre en garde Scrooge : s’il ne change pas de comportement, il sera condamné aux flammes de l’enfer. Et pour remettre le vieil homme dans le droit chemin, trois spectres sont dépêchés à ses côtés : les esprits des Noël passés, présents et à venir.


D'ailleurs il n'y a pas que chez Dickens que les fantômes se manifestent la nuit de Noël. Selon une tradition du Languedoc, le soir du Réveillon, il faut réserver une assiette pour les défunts. Au menu : morue au lait, haricots et pruneaux cuits, le tout disposé autour d’un gâteau.
Bienheureux fantômes.


Cécile